Bâche à Biarritz

la fameuse bâche à 10.000 euros de location pour proteger la pelouse de Léon Larribau à Biarritz.

Rugby - Top 14 : Biarritz Olympique - Oyonnax reporté

Le terrain gorgé d'eau d'Aguilera a eu raison du match, reporté à une date pas encore fixée

Les Biarrots avaient fait des efforts cette semaine pour tenter de préserver le terrain d'honneur d'Aguilera des fortes précipitations, mais ils se sont avérés vains. Les bâches spécialement venues de Montluçon - pour un coût de location de 10 000 euros-, qui couvraient le pré depuis jeudi midi, n'ont pas eu l'effet escompté. Ravagée par les derniers matchs de Top 14 (Stade Français le 4 janvier) et en Challenge européen (Sale samedi dernier), la pelouse biarrote fait vraiment grise mine. Et si l'expert terrain de la Ligue nationale de rugby, passé vendredi midi, n'avait pas jugé bon de reporter le match, c'est l'arbitre désigné pour la rencontre, Sébastien Clouté, qui a pris ses responsabilités et a jugé opportun le report, samedi vers 15 h 30.

Arrivé un peu avant 14 heures, M. Clouté a effectué plusieurs examens, en présence des services techniques de la ville de Biarritz qui ont débâché sous ses yeux et sous ses pieds. Les présidents des deux clubs, Serge Blanco et Jean-Marc Manducher, étaient également présents, les caméras de Canal+ et les représentants de la ligue. Après près d'une heure trente de discussions, Sébastien Clouté a mentionné le report à la LNR. L'arbitre explique : « Pour la sécurité des joueurs, le terrain n'est pas praticable, et pour ces raisons j'ai décidé de reporter le match. Au niveau des appuis des joueurs de première ligne notamment, il n'était pas raisonnable de faire jouer un match sur un tel terrain, où on n'a plus d'appuis sur au moins cinq centimètres de profondeur. »

Harinordoquy regrette

S'il est légitime de se poser la question, -pourquoi le match s'est déroulé à Bayonne alors qu'il a été reporté Biarritz à 5 kilomètres plus loin ?- il est aussi légitime de répondre que d'abord, le terrain d'Aguilera est moins bien drainé que Jean-Dauger, et qu'il avait été martyrisé le samedi soir précédent.

Imanol Harinordoquy, arrivé de Brindos où les joueurs ont l'habitude de se rassembler les jours de match, regrette la décision : « On connaît l'état du terrain depuis quelques semaines, je l'ai encore vu à 9 heures, ce n'était pas folichon, mais quand on prépare des matchs comme ça durant une semaine et qu'on arrive si près du match pour ne pas le jouer c'est frustrant. On aurait préféré en découdre de suite, on souhaitait renouer avec la victoire, même si ça pouvait être une bouillie de rugby, du jeu sur 10 mètres. On aurait peut-être mieux maîtrisé notre sujet puisqu'on commençait à avoir l'habitude de jouer dans ces conditions. ».

Une date avant demain midi

Ce report tardif et aura fait quelques malheureux : le traiteur et ses petits-fours pour 800 personnes. Et Jean-Pierre et sa fille, supporters venus en voiture d'Oyonnax (900 km aller) pour le week-end…

Le match ne se jouera pas aujourd'hui, ni même le week-end prochain, puisque les deux équipes sont en vacances. Il devrait se jouer lors des prochains créneaux disponibles, les 8 ou 15 mars. La ligue communiquera cette nouvelle date avant demain midi, après concertation avec les deux clubs.

Top 14 : pourquoi a-t-on joué à Bayonne mais pas à Biarritz
(Article de Sud-Ouest)

Si même les nuages s'acharnent sur le Biarritz Olympique… Alors que les joueurs du BO pouvaient entretenir un mince espoir de maintien en Top 14 samedi soir, la pelouse d'Aguilera en a décidé autrement: impraticable. À quelques kilomètres de là, cinq en arrondissant, les projecteurs de Jean-Dauger étaient pourtant allumés. Ici, la pelouse était dans un état impeccable. Car l'herbe est plus verte à Bayonne ? Parce que les jardiniers de l'Adour sont les meilleurs de France ?

Dès l'annonce du report du match à Biarritz (qui aura finalement lieu le week-end du 15 mars), la sale gueule de la pelouse d'Aguilera a été montrée du doigt. Mal drainée, en tout cas bien moins que sa voisine bayonnaise, elle était totalement gorgée d'eau malgré l'installation de coûteuses bâches venues de Montluçon (lire notre édition d'hier). Un problème connu depuis plusieurs mois qui pourrait attirer le courroux des instances nationales du rugby. « On commence à avoir l'habitude de jouer dans ces conditions », soulignait même Imanol Harinordoquy, après l'annulation du match.

Aguilera multitâches

À Dauger, où aucune bâche de protection n'avait été installée, les joueurs de l'Aviron et de Clermont ont pu jouer 80 minutes sans se soucier de ce qui se passait sous leurs crampons. Contrairement à Aguilera, qui accueille parfois des concerts (Big Festival), le terrain d'honneur bayonnais attire uniquement les rencontres de l'équipe professionnelle de rugby.

Depuis trois ans, la mairie a recruté un responsable « pelouse », chargé de soigner l'ensemble des terrains réservés au sport sur la commune. Un choix payant « herbistiquement » parlant, même s'il n'influe pas toujours sur le tableau d'affichage.

C'est bien connu au Pays basque, les nuages ne sévissent pas de la même façon selon les secteurs. Une théorie confirmée par le responsable des espaces verts de Saint-Jean-de-Luz, Michel Arrayago, qu'on ne peut pas accuser de partialité dans ce derby des jardiniers : « Les conditions climatiques peuvent, par exemple, être bonnes à Hendaye et pas à Saint-Jean-de-Luz en fonction du vent. Ce matin (dimanche), le temps s'est dégagé par l'ouest et le terrain d'Hendaye a pu sécher plus rapidement qu'ailleurs (les Xuriak ont joué en Fédérale 1 hier, NDLR). »

De la même façon, peut-on parler d'un microclimat biarrot ? L'argument ne semble pas tenir au regard des relevés pluviométriques quasi identiques. Celui de la malchance, un peu plus, le BO étant abonné aux matchs-déluges depuis quelques mois (Harlequins ou Agen la saison passée ; le Racing Métro, le Stade Français, Bordeaux-Bègles ou Sale lors de celle-ci).

Pour le spécialiste des espaces verts luziens, la principale raison d'une différence de qualité de pelouse est à chercher du côté de la fréquence des rencontres : « Une pelouse qui n'est pas beaucoup utilisée a le temps de se ressourcer. Mais quand les matchs et les entraînements s'enchaînent, l'inertie est très forte. » Biarritz a joué à domicile le 4 et 18 janvier. Bayonne a malaxé sa pelouse le 11 janvier et le 29 décembre. Une semaine de décalage, ça compte à cette époque de l'année. Malgré ces explications, la vacillante pelouse d'Aguilera risque de refaire parler d'elle.