Drame de la Mer, le naufrage de l'Angela en 1901
06/06/1901 (La Charente)
Drame de la mer.
Les journaux américains publient d’horrible détails sur les faits qui se sont produits après le naufrage de l’Angela, survenu dans les mers de l’Extrême Orient.
Le navire, qui se rendait sur lest de Manille à Singapour, toucha sur un récif six jours après avoir quitté Cavite. Les dix-sept hommes composant l’équipage purent se sauver sur deux radeaux. Le plus petit, portant cinq hommes, disparut bientôt. On n’en a plus jamais entendu parler.
L’autre radeau, monté par douze hommes, avec le second, dériva pendant une vingtaine de jours. Les provisions étaient alors épuisées. D’après le matelot Johannsen, l’un des deux seuls survivants, la seule nourriture des malheureux consistait en herbes marines. Ceux qui n’en pouvaient saisir au passage mâchaient leurs souliers ou rongeaient le bord du radeau. Deux hommes étaient devenus fous.
Le vingt-cinquième jour, l’un des matelots, un Français, saisis une hache, et, d’un seul coup, ouvrit le crâne du premier maître. Puis il se précipita sur le corps, qu’on eût beaucoup de peine à lui arracher pour le jeter à la mer. Le lendemain, il reprit la hache et vint se ruer contre le capitaine. Alors le second, qui s’était également armé d’une hache, l’étendit mort à ses pieds.
A cet endroit de son récit, le matelot Johannsen devient très réservé. Il dit qu’il ne se souvient guère de ce qui suivit, mais admet que ses camarades mangèrent une partie du cadavre.
On continua de dériver pendant dix-sept jours. Leurs souffrances dépassent toute description. La capitaine succomba avant la fin du mois. L’un après l’autre, tous les matelots, sauf deux, devinrent fous et moururent.
Enfin, le radeau finit par aborder à l’île Doubi. Les survivants furent recueillis par des Malais et ramenés enfin par un brick anglais en Australie.